« La
critique est une médecine dont rien ne sauroit corriger l’amertume, & ceux
qui en ont le plus besoin sont ceux qu’elle révolte le plus. Amicus Plato, magis amica veritas,
disoit un ancien : quand on peut se rendre le même témoignage, on est
suffisamment justifié aux yeux des honnêtes gens. »
[…]
« Il
ya même, il faut l’avouer, dans ces sortes d’ouvrages où l’on ose apprécier le
mérite des autres, un air de vanité qui aigrit la bile de ceux que l’on
censure. Mais il est un moyen bien aisé de ne pas donner prise de ce côté-là,
c’est de garder l’anonime
[…]
« Voilà,
Monsieur, ma raison véritable pour ne vouloir pas être connu : Vous verrez
cependant que si je veux garder l’anonime, ce n’est pas pour en abuser. L’amour
du vrai, l’amusement du Public, l’avancement des Arts, la gloire de ceux qui
les professent avec distinction : Voilà tout ce que je me suis proposé dans
cette Lettre. Pour y contribuer autant qu’il est en moi, je veux me cacher avec
plus de soin que ces vils Auteurs de Libelles & de Satyres n’en apportent à
couvrir leur iniquité, eux dont le talent se borne à prouver la dépravation de
leur cœur, & qui néanmoins par leur indiscrétion, force le ministère à
punir l’abus qu’ils font du peu d’esprit que la nature leur a donné. Loin d’avoir
le dessein odieux de critiquer & de rabaisser le mérite d’aucun Membre de
l’Académie de Peinture, je voudrais pouvoir rendre justice aux uns, sans courir
le risque de déplaire aux autres. »
Portrait de l'abbé Le Blanc (Salon de 1747), par Maurice Quentin de la Tour (1704-1788), Saint-Quentin, musée Antoine Lécuyer.
[to be continued]
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