2/23/2014

criticavit abbé Jean-Bernard Le Blanc, 1747


« La critique est une médecine dont rien ne sauroit corriger l’amertume, & ceux qui en ont le plus besoin sont ceux qu’elle révolte le plus. Amicus Plato, magis amica veritas, disoit un ancien : quand on peut se rendre le même témoignage, on est suffisamment justifié aux yeux des honnêtes gens. »
[…]
« Il ya même, il faut l’avouer, dans ces sortes d’ouvrages où l’on ose apprécier le mérite des autres, un air de vanité qui aigrit la bile de ceux que l’on censure. Mais il est un moyen bien aisé de ne pas donner prise de ce côté-là, c’est de garder l’anonime
[…]
« Voilà, Monsieur, ma raison véritable pour ne vouloir pas être connu : Vous verrez cependant que si je veux garder l’anonime, ce n’est pas pour en abuser. L’amour du vrai, l’amusement du Public, l’avancement des Arts, la gloire de ceux qui les professent avec distinction : Voilà tout ce que je me suis proposé dans cette Lettre. Pour y contribuer autant qu’il est en moi, je veux me cacher avec plus de soin que ces vils Auteurs de Libelles & de Satyres n’en apportent à couvrir leur iniquité, eux dont le talent se borne à prouver la dépravation de leur cœur, & qui néanmoins par leur indiscrétion, force le ministère à punir l’abus qu’ils font du peu d’esprit que la nature leur a donné. Loin d’avoir le dessein odieux de critiquer & de rabaisser le mérite d’aucun Membre de l’Académie de Peinture, je voudrais pouvoir rendre justice aux uns, sans courir le risque de déplaire aux autres. »

Abbé Jean-Bernard Le Blanc (1707-1781), Lettre sur l’expositiondes ouvrages de peinture, sculpture, &c. de l’année 1747. Et en général sur l’utilité de ces sortes d’Expositions, Paris, 1747.

Portrait de l'abbé Le Blanc (Salon de 1747), par Maurice Quentin de la Tour (1704-1788), Saint-Quentin, musée Antoine Lécuyer.




[to be continued]

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