2/22/2014

"Cours minimal sur la poésie contemporaine" : interview de julien blaine par jcaj (à propos de l'enseignement de la poësie contemporaine, inter alia), novembre 2011




Extrait

Jean-Charles Agboton-Jumeau : Si je te suis bien, ergo : en matière de poésies visuelle, sonore, action et autres performances, l’université est en tout état de cause disqualifiée ?

Julien Blaine : Procédons par ordre ; ces poésies ne sont :
Jamais enseignées dans les écoles primaires
Jamais dans les collèges
Jamais dans les lycées

Quelque fois dans les écoles des beaux-arts avec une grande confusion et une énorme méconnaissance entre les diverses origines de la performance
- celle qui vient du Pop Art
- celle qui vient du happening
- celle qui vient de la chorégraphie
- celle qui vient du politique : révolte individuelle et démonstrative contre l’ordre établi, les impérialismes ou l’hégémonie...
- celle qui vient des pays de l’Est où c’est désormais une discipline dominante (Hongrie, Pologne, ex-Tchécoslovaquie, ex-Yougoslavie, Roumanie, Bulgarie, etc.)
- celle qui vient des pays asiatiques enthousiaste, dominante et dynamique (Nippon International Performance FestivalNipaf – qui a essaimé partout en Asie à partir de Nagano, la ville du fondateur Seiji Shimoda, au Japon y compris en Chine...)
- celle qui vient de la poésie et donc des avant-gardes historiques qui ont toutes étaient inventées par des poètes (futurisme, cubisme, Dada, surréalisme, Cobra, etc.)

Rarement dans les universités à part quelques très rares enseignants comme Jean-Pierre Bobillot, surtout pour la poésie sonore, Jean-Marie Gleize, surtout pour les suites pongiennes, Claude Debon pour tout ce qui vient de Guillaume Apollinaire ou y retourne, Montserrat Prudon-Moral grâce à sa passion pour les mouvements poétiques en Catalogne, Arlette Albert-Birot comme son nom l’indique, veuve du poète cubiste Pierre Albert-Birot ; je crains – hélas – de n’en avoir oublier aucun...
Mais paradoxalement elle est présente dans la quasi totalité des dictionnaires de poésie et la plupart des anthologies.
Et dans beaucoup d’albums sur l’histoire de l’art.
Et, depuis une dizaine d’années quelques jeunes thésards commencent à développer des recherches sur ces mouvements.

[…]


Jean-Charles Agboton-Jumeau : Mais d’où cette indigence crasse, voire cette haine larvée à l’égard des avant-gardes en général et des formes contemporaines ou mieux, contemporaires – comme je préfère dire désormais –, de la poésie ?

Julien Blaine : Plusieurs raisons à cela : l’université française a toujours été conventionnelle, toujours conformiste, Le Livre de Stéphane Mallarmé (1957) a été enfin “livré” de manière correcte au lecteur par Bertrand Marchal (La Pléiade) en janvier 1998 ! Et les Calligrammes de Guillaume Apollinaire par Michel Decaudin avec Claude Debon et Jean Burgos en 1956 (La Pléiade) et en 1998 !
Les instituteurs sont généralement incultes en matière de poésie, et je sais de quoi je parle : je suis allé à maintes reprises dans leurs écoles de formation ; idem pour les professeurs d’enseignement secondaire à quelques rares exceptions près, idem pour les enseignements supérieurs où les exceptions sont encore plus rares et, où se mêlent à leur inculture quand ils connaissent 2 ou 3 choses à propos de la poésie, un amusement méprisant pour ce que nous faisons. Là aussi je suis allé “militer” dans ces espaces réservés poétiquement à Jacques Prévert et Louis Aragon et je parle donc, là encore, en connaissance de cause.
Mais c’est comme ça il faut 2 siècles pour que la chose soit développée par les auteurs et perçue puis entendue et enfin comprise par les récepteurs : les Tang en Chine, les troubadours en Occitanie, la Renaissance en Europe. Nous n’en sommes qu’à mi-parcours…

[…] 

Voir aussi :  https://issuu.com/jcajcriticavit/docs/dossier_de_press_2_pm_2017_

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